Depuis les années 60, la Colombie connait une guerre civile d’une violence et d’une complexité exceptionnelles en raison notamment des très nombreux groupes belligérants. En 2002, Alvaro Uribe arrive au pouvoir et met en œuvre plusieurs plans visant principalement à éliminer la menace des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et autres groupes de guérilla, et cela notamment avec l’appui financier des Etats-Unis dans le cadre du « Plan Colombia ».

Des objectifs chiffrés très élevés de pertes devant être infligées aux groupes armés rebelles sont fixés à l’armée et, fin 2005, le gouvernement ajoute secrètement à cela une récompense financière pour chaque guérillero tué. Un sordide mécanisme qui existait déjà par le passé dans une moindre mesure se met alors en place au niveau national dans l’armée colombienne. On attire alors des civils sélectionnés pour leur vulnérabilité dans le Nord en leur faisant miroiter un emploi bien rémunéré. Des militaires les exécutent ensuite puis les habillent et les arment comme des guérilleros avant de signaler une « attaque de rebelles ». C’est l’affaire dite des « Faux Positifs ».

En 2008, un général de l’armée aurait ainsi déclaré à ses troupes « Je ne veux pas des rigoles de sang, je veux des rivières de sang (‘’rios de sangre’’). Je veux des résultats ! ».

La plupart des assassins et leurs complices restent aujourd’hui en liberté en raison des accords de paix passés avec les FARC en 2016. En effet, l’étendue de ces événements n’a probablement pas suffisamment été prise en compte lors des négociations. On estime aujourd’hui entre 5763 et 10000 le nombre de civils ainsi exécutés par l’armée en les faisant passer pour des guérilleros.

Fin  2019 le ministre de la défense colombien a été poussé à la démission après avoir annoncé la mort de quatorze ex-FARC dans un bombardement quand il s’agissait en réalité majoritairement d’enfants de 12 à 17 ans.